SARAH MAJERUS






























Sarah Majerus, 1986, née au Luxembourg, vit et travaille à Bruxelles et Luxembourg.

Sarah Majerus, 1986, geboren in Luxemburg, woont en werkt in Brussel en Luxemburg.

www.sarahmajerus.com




Expositions, Prix & Publications / Tenstoonstelling, Awards en Publicaties


2013: ‘Ob-Skyr’ SIM, Rejkjavic, Islande

2012: ‘Hotel Amazonas’, Lungo Mare, Bolzano, Italie

2011: Studio Opening, Bruxelles

2011 : ‘Coup de coeur’, la Cambre, Bruxelles

2010: ‘Terminal Beauty’, Naked State Gallery, Brussels

  
Diplômes / Diploma's



2008-2010 : MA, peinture/schilderij, E.N.S.A.V., La Cambre,  Bruxelles

2005-2008 : BA,  peinture/schijderij, E.N.S.A.V, La Cambre, Bruxelles

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Il n’y a bel et bien aucun critère généralement reconnu de ce qui est une couleur, si ce n’est que c’est l’une de nos couleurs.
— Ludwig Wittgenstein, Remarques sur les couleurs.


           On connait les quelques mots d’Albers : une couleur est nécessairement somme d’interactions. Elle est, non seulement, une équation hasardeuse entre des phénomènes d’ordres physique, chimique et physiologique mais elle est également une affaire d’acculturation, en ce sens où elle subit toujours le filtre (culturel) d’une société donnée. Ou pour paraphraser un peu librement Wittgenstein : on ne fréquente jamais que nos couleurs. 

            Une teinte dépend tout autant de l’ambiance dans laquelle elle s’inscrit, de la surface sur laquelle elle se pose, de l’éclairage qui la touche, des yeux qui la regardent, du goût qui la jauge. Et c’est ce qui fait d’elle un élément aussi personnel, intime, qu’instable, impressionnable.

            Cette instabilité, cette incertitude du médium coloré, voici précisément ce qui renseigne la pratique de Sarah Majerus. L’artiste travaille les multiples ambiguïtés et déboires liés aux questions de perception. Ses peintures mettent en scène des perspectives architecturales détournées puis habitées par des teintes qui ne sont jamais tout à fait celles que l’on croit.

            En vérité, les interventions de Majerus se comportent comme les couleurs de Wittgenstein ou d’Albers : ce sont des œuvres un peu volatiles que l’on ne fréquente qu’une seule fois, que l’on s’approprie brièvement, le temps d’une rencontre.
           
            16, ici présente, est une installation flottante en cinq calques, suspendue au plafond et ancrée au sol à l’aide de fils nylon. La peinture a été délaissée au profit de la découpe. Si la peinture s’exile, la médium coloré reste : entièrement composée de matériaux dits achromatiques, 16 rejette sa présumée absence de teinte, préférant céder aux contaminations de l’éclairage ambiant.

            Chaque calque représente une vue d’échafaudage dont la ligne de fuite a été sabotée, écrasée, laissant à chacun le soin de recomposer sa propre perspective, en d’autres termes, d’adopter son propre point d’entrée dans l’œuvre. Le spectateur est, de fait, invité à se déplacer autour de cette dernière.

            Ajoutons que Majerus rend ici un hommage cocasse à ces échafaudages, à ces architectures de transition, aussi  éphémères que parergonales, qui n’existent jamais par et pour elles-mêmes. L’axiome s’est brusquement inversé : ce ne sont plus les échafaudages qui cernent la construction, mais, à l’inverse, cette dernière - en l’occurrence l’espace de la galerie - qui vient envelopper ces petits mal aimés métalliques. 

Iris Lafon
 

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There is indeed no generally recognized criterion of what is a color, except that it is one of our colors.
— Ludwig Wittgenstein, notes on the colours.

            We know the few words of Albers : a color is necessarily a sum of interactions. It is, not only a risky equation between phenomena of physical, chemical and physiological orders but it is also a matter of acculturation, in the sense that it is still suffering the (cultural) filter of a given society. Or to paraphrase a little freely Wittgenstein: you never frequent but your colors.
 
            A tint depends as much on the atmosphere in which it is placed, on the surface on which it set down, on the lighting touching it, on the eyes looking at it, on the taste gauging it. And that's what makes it such a personal, intimate, unstable and impressionable element.

            This instability, this uncertainty of the colored medium, it is precisely what informs   the practice of Sarah Majerus. The artist works on the multiple ambiguities and setbacks related to the issues of perception. Her paintings depict architectural perspectives diverted then inhabited by colors that are never quite the ones we think.
            Indeed, the interventions of Majerus behave like colors of Wittgenstein or Albers: they are a little volatile works that one can meet only once, on can briefly appropriates, the time of a meeting.

            16 is a floating installation in five layers, hanging on the ceiling and anchored to the ground with nylon strings. The painting was abandoned in favor of the cut. If the paint is exiled, colorful medium remains: entirely composed with materials said achromatic, 16 rejects its alleged lack of shade, preferring to give in to the contamination of the ambient lighting. 

            Each layer represents a view of scaffoldings which the vanishing point was sabotaged, crushed, leaving each one to reconstruct his own perspective, in other words, to adopt its own entry point into the work. The viewer is, in fact, asked to move around it. 

            Let’s add that Majerus pays a comical tribute to these scaffolds, these transitional architectures, as ephemeral asparergonales”, which never exist by and for themselves. The axiom has suddenly reversed: it is no longer the scaffolding that surround the construction, but, to the contrary, this latter - in this case the space of the gallery - who just wrap the little unloved metals.


Iris Lafon
 
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