Élise Leboutte, 1984, vit et travaille à Bruxelles.
Élise Leboutte, 1984, woont en werkt in Brussel.
www.eliseleboutte.com
2013 : Dés-orienté(s), Iselp, Bruxelles
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«Intermède» ( free translation: “interlude”).
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Expositions, Prix
& Publications/ Tentoonstelling, Awards en Publicaties
2013 : Dés-orienté(s), Iselp, Bruxelles
2012 : Exposition collective, Galerie sans nom, Bruxelles
Exposition collective, espace VK, Bruxelles
Publication, Flux News n°58, Aldo Guillaume Turin 'Un temps
sans âge'
Studio Opening, Bruxelles, Belgique
2011 :
Studio Opening, Bruxelles, Belgique
2009 : Fresque,
espace publique ‘L’épicerie’
2007 : Dessins
pour le livre ‘De ce qui ne devrait pas être’, Isabelle
Martin, Brandes Edition
2007 : Gallery
Faezeh Afchary-Kord, Tournai, Belgique – Publication dans ‘Code Magazine’
2007: Publication, code magasine n°2, Anne-Claire
Schmitz ‘Na da ramp komt de materie’, pp. 26-27, Bruxelles
2005 : Exposition Jeunes Talents, Tour &
Taxis, Bruxelles
Diplômes/ Diploma's
2004-2006 : MA, Arts Visuels, Ecole de Recherche Graphique, Bruxelles, Belgique
2002-2004 :
BA, Arts Visuels, Ecole de Recherche Graphique, Bruxelles, Belgique
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Les trois portraits de l’entrée et,
un peu plus loin, le grand autoportrait suspendu, ne nous sont pas étrangers,
bien au contraire. Elise Leboutte en a fait, pour ainsi dire, une signature :
voici plusieurs années qu’elle s’amuse à perdre de minuscules figures au sein
de gigantesques feuilles blanches. L’espace vide est un matériau à part entière
chez l’artiste et plus encore : il s’affirme, d’une certaine façon, comme
l’invité caché - le protagoniste insoupçonné - de ses dessins.
Plus inattendue : cette vidéo
projetée au sous-sol de la galerie et dont le titre intrigue.
«Intermède»
Il s’agit encore une fois d’un
autoportrait, qui prend la forme d’un très lent dézoom. La projection débute,
en effet, par un gros plan du visage de l’artiste, l’attention se focalisant
plus spécifiquement sur un grain de beauté. L’agrandissement est tel qu’il
semble pratiquement impossible d’identifier correctement celui-ci, chacun étant
laissé à sa libre imagination quant à l’identification de cette énigmatique
forme grouillante. Quelques minutes s’écoulent et voici l’image qui se
rétracte, doucement. Une tête apparaît, un corps, une silhouette, jusqu’à
complète dissolution du sujet - jusqu’à complète disparition de l’artiste. En
parfaite résonance avec les séries des dessins, le corps se dégage de tout
contexte, de toute architecture, de tout appareil décoratif, préférant se noyer
progressivement au sein d’un intraitable fond blanc.
Mais les choses ne sont pas si
simples.
Intermède ne peut en aucun cas se
résumer à une simple affaire de dézoom, bien au contraire. Cette fois-ci, nos
espaces vides, non contents d’annuler toute référence spatiale au sein de la
vidéo, viennent, par ailleurs, s’attaquer à l’intégrité du déroulement
temporel. Ce sont eux, les fameux intermèdes. Un petit lot d’images blanches
venues se glisser, ici et là, faisant s’évanouir et renaître, à leur bon
vouloir, la figure de l’artiste.
De deux choses l’une.
Ces vides jouent les distantateurs
brechtiens, prêts à décortiquer puis dégrader tout artifice inhérent au médium
: ils sortent le spectateur, nous dit Leboutte, «du défilement impitoyable des
images» ; de l’illusion un peu facile qu’est ce point de fuite spatio-temporel.
Pire. Ils révèlent l’ambivalence de leur propre condition. Il est aisé de
considérer sur une feuille blanche tout espace non dessiné comme vide. Il en va
autrement pour une vidéo où, on le sait, un espace «sans décor» n’est jamais
blanc, mais vert ou bleu. Ce fond blanc est plus qu’artificiel : il est reconstruit,
travaillé pour agir sur notre inconscient, sur cette norme socio-culturelle qui
veut que, depuis la fin du moyen-âge, on associe la couleur blanche à
l’incolore, au vide.
Ces vides rendent également (et
presque paradoxalement) hommage aux célèbres White Paintings de Rauschenberg et
de fait, aux 4 minutes et 33 secondes de Tacet John Cagienne. Les intervalles
blancs sont de courts instants où le spectateur et son environnement (la
galerie, encore un espace arbitrairement blanc !) se retrouvent projetés au
sein du film. Et pour conforter cette interpénétration des espaces (filmiques
et expositionnels), ce dernier a renoncé à toute bande son, laissant l’ambiance
sonore de la salle s’installer tranquillement.
Iris Lafon
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The three portraits in the
entrance, and a little later, the great hanging self-portrait, are not strangers to us, quite
the contrary. Elise Leboutte
has made, so to speak, a signature:
for several years she has been losing tiny figures in huge white sheets.
The empty space is a material in its own right for the artist and even more: it affirms itself, in some way, as the hidden guest - the unexpected
protagonist – of her
drawings.
More unexpected: the
projected video in the gallery basement whose title intrigues.
«Intermède» ( free translation: “interlude”).
This
is again
a self-portrait, which takes the form of
a very slow dézoom. The projection begins, in fact, with a close up of the face of the artist, the
attention is focused more specifically
on her mole. The enlargement
is such that it seems almost impossible to correctly identify
it, each being left
to his own imagination as to the
identification of this enigmatic swarming
form. A few minutes
pass and the image retracts
slowly. A head appears,
a body, a silhouette, until complete dissolution of the subject
- until complete disappearance of the artist. In perfect
harmony with the series of
drawings, the body is released from any context, any architecture, an
ornamental device, preferring to slowly
drown in a defiant
white background.
But
things are not that simple.
Intermède can in no case
be reduced to a simple matter of dézoom, quite the contrary. This time, our empty spaces, not
happy to cancel any spatial reference in the
video, address, in addition, the
integrity of the temporal sequence. They are the famous
interludes. A small
batch of white images slipping
here and there, making faint and revive, at their
whim, the figure of the artist.
One
thing or the other.
These
empty spaces play the Brechtian “distantors”, ready to dissect and
degrade any artifice inherent to the medium: they take the viewer out, as Leboutte says, "of
the ruthless image scrolling";
of the easy illusion of the vanishing spatiotemporal point. Worse.
They reveal the ambivalence of their own condition. It
is easy to consider on a white
sheet every not drawn
space as an empty. It is
different for a video where,
as we know, an "undecorated" space is never white, but green or blue. This white background is
more than artificial: it is rebuilt,
worked to have an effect on our subconscious, on this socio-cultural norm following which, since
the end of the Middle -Age, we
associate white color to colorless,
vacuum.
These gaps also pay
(and almost paradoxically) tribute to the famous White Paintings of Rauschenberg and to the 4 minutes and 33 seconds of Tacet John
Cagienne. White intervals
are brief moments where the
viewer and its environment (the
gallery, another arbitrary white
space !) are projected into the film. And to reinforce
this interpenetration of spaces
(filmic and of the exhibition), the artist has waived any sound band, leaving the soundscape of the room to settle quietly.
Iris Lafon
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